Pas de fusils dans la nature

Les nuisibles à abattre

Non, ce ne sont ni les loups, ni les renards, ni les ours, ni les lynx, les nuisibles, mais bien les chasseurs. L’étude fouillée, argumentée, vérifiée du biologiste et naturaliste Pierre Rigaux, « Pas de fusils dans la nature » fait froid dans le dos. Plus besoin d’aller visionner des films d’horreur, lire le comportement de ces tueurs en série soutenus par les politiques donne envie de vomir… si ce n’est de sortir sa kalach.

Publié dans une première édition en 2019, le réquisitoire de cet auteur méritait une mise à jour. C’est chose faite : 30 à 45 millions (!!) d’animaux tués, souvent dans des conditions abominables, chaque année en France, un désastre écologique. Une vingtaine de personnes meurent également sous les balles de ces assassins, qui n’hésitent pas à envoyer à l’auteur des menaces de mort pour ses recherches scientifiques sur le terrain. Et, cerise sur le gâteau de Dame Nature que les chasseurs affirment tant aimer et protéger : 250.000 millions de cartouches sont ainsi tirées et abandonnées sur place chaque année. Elles contiennent du plomb, de l’arsenic, du mercure, de l’uranium, du plastique, qui se déversent dans les zones humides, forêts, landes, champs, pâturages, élevage en plein air, mais également zones de culture d’ensilage et de fourrage. C’est toute la chaîne alimentaire qui est polluée, mais ceci a des allures de secret d’État.

Très engagé contre la chasse, protecteur de la faune, de la flore, végan, Pierre Rigaux raconte les abominations, les animaux maltraités élevés pour la chasse, les escroqueries, les accidents de chasse, les pièges qui ne sont que des instruments de torture, les maladies liées à la chasse, les aberrations du genre « se placer entre un lièvre et un chasseur pour sauver l’animal est passible d’une amende de 1500 euros », les carnages de la chasse à courre, le braconnage d’état, la malédiction des loups, les oiseaux piégés à la glu, le scandale des sangliers, les terriers enfumés, bref, comme le dit l’auteur « tuer génère du PIB ».

Ce réquisitoire est un monument d’atrocités, d’actes illogiques, de décisions qui ne font que contribuer à l’extermination des espèces en voie d’extinction. L’auteur révèle aussi le coût caché de la chasse. Une guerre privée de nom contre la nature qui se perpétue au-delà du simple bon sens. Et de relever que lors de rencontres à la télé ou à la radio, ses interlocuteurs adeptes de tueries n’ont jamais aucun argument. Leur seul pouvoir : couper la parole, faire déraper la rencontre. En attendant, le sang coule.

Pierre Rigaux : Pas de fusils dans la nature, Alpha/Humensis, Paris, 2023, 464 p.

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