Grenier 8

Bien qu’elle soit une auteure de théâtre confirmée, Emanuelle delle Piane n’aime pas être en représentation. Son rôle est plus secret, dans l’écriture solitaire, que les comédiens ensuite se débrouillent sur scène. Elle est jouée partout en Suisse et dans une dizaine de pays.

Elle qui aime observer la vie dans tous ses ébats, pourrait être qualifiée de tueuse d’illusions : rien des arrière-cours n’échappe à son regard et encore moins à sa plume.

Née à La Chaux-de-Fonds, élevée par sa grand-mère, puis transbahutée, Lausanne, Genève, Angleterre. Entrée à la fac de Neuchâtel, elle en sort aussi sec, déçue par l’enseignement. Très visuelle, elle suit un cours de scénariste en Belgique, puis aux Etats-Unis. Elle vit à Londres, Rome, Paris, écrit pour des séries, et enseigne à la Sorbonne dans l’audio-visuel. 

C’est à la Chaux-de-Fonds que débute son travail de dramaturge, au TPR d’une glorieuse époque disparue. Sa carrière ne cesse de s’étoffer. Elle vit aujourd’hui dans le Jura français, écrit plus que jamais, et produit… son propre miel.

En 2020, l’AACL (Aide à la création littéraire, association neuchâteloise dont le but est de constituer une collection de livres liés au lieu et au temps) lui octroie sa bourse pour le 19^e ouvrage de la collection. Les auteurs choisis ont un lien avec le canton, qu’ils y vivent ou non. Un défi pour elle qui n’a jamais écrit de roman. Elle compte néanmoins plusieurs recueils de nouvelles à son actif, en plus de la quarantaine de pièces.

Pour créer « Grenier 8 » – l’adresse n’a pas changé à La Chaux-de-Fonds –, elle est revenue dans sa ville natale et s’est penchée sur son enfance, tout en laissant le soin à son imagination de dérouler le fil d’une intrigue qui met en scène la vie des petites gens dans les années 1960-1970. Le récit raconte l’histoire d’Eli, dessinatrice de Kratz – terme courant à l’époque – pour la presse. Un jour, son cousin l’appelle du Canada pour lui demander un petit service dans les recoins secrets de Grenier 8. Ah ! ah ! Que de surprises enfouies…

L’écriture d’Emanuelle delle Piane est directe, incisive, brute de décoffrage. Il ressuscite le langage, le décor, l’atmosphère de la Métropole horlogère avec une rigueur empreinte d’humour et de tendresse. Un bel hommage à la ville et à la littérature neuchâteloise qui a depuis longtemps pris un envol international.