Le Peigne de Cléopâtre

Un trio d’enfer

Doués dans de nombreux domaines, trois amis décident de fonder une  petite société d’utilité publique, Le Peigne de Cléopâtre, qui consiste à aider leurs clients. Entendez : à résoudre leurs problèmes. La PME marche plutôt bien, grâce au bouche-à-oreille, jusqu’au jour où une cliente âgée, maltraitée par son mari depuis des décennies, demande à la société d’éliminer son tortionnaire. Contre rémunération carrément royale.

Le vernis du Peigne de Cléopâtre commence alors à se fendiller, révélant peu à peu les lourds problèmes ou secrets de chacun : manque d’amour, quête d’identité, liens familiaux difficiles. Rendre service aux autres a servi à masquer leur propre histoire, dont le lecteur aura une petit aperçu au début du roman, quand Mari, licenciée par son odieux patron, lui plante une paire de ciseaux dans la main ! Le ton est donné, mais l’auteure s’arrange pour noyer cet épisode dans les pages qui suivent.

Les trois amis décident, après réflexion, que non, vraiment, tuer n’est pas le but de l’entreprise. Ils veulent bien rendre service, mais il y a des limites ! Or, un matin, la cliente arrive, rayonnante, maquillée de près, et les remercie pour le travail accompli avec autant de promptitude.

Stupeur au Peigne de Cléopâtre, d’autant que l’ancienne victime paie rubis sur l’ongle. Mieux : elle invite les trois amis à l’enterrement du tortionnaire… où une nouvelle commande d’assassinat leur est proposée contre une somme encore plus alléchante. 

Mais qui sème les crimes dont profitent les trois amis ? Pris dans l’engrenage de crimes qu’ils n’ont pas commis, affirment-ils, les trois protagonistes, Mari, Anna et Fredrik dévoilent peu à peu leur mal-être, pour ne pas dire leurs graves névroses.

L’auteure, Marina Ernestam, est Suédoise. Elle vit à Stockholm où elle a été journaliste. Son polar qui ne ressemble pas à un polar, mais plutôt à une étude psychologique, est mené sur un ton joyeux, plein de rebondissements inattendus. Parfois un peu long, il ne manque pourtant pas d’originalité. Et la chute, tout à fait immorale, séduira les amateurs de vraie justice, même si l’un des personnages, le plus atteint dans sa pauvre tête, finira mal avec son double.

Maria Ernestam : Le Peigne de Cléopâtre, Babel 1346, 2021, 352 p.

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