Brunetti entre les lignes

Le prix des livres

Pour les amateurs de polars, Brunetti fait partie de la famille. On le retrouve toujours avec plaisir sous la plume de Donna Leon, cette Américaine qui a vécu des décennies à Venise, après avoir enseigné en Iran et en Arabie Saoudite. Elle a finalement quitté la Sérénissime pour s’installer entre Zurich et les Grisons, avec un pied-à-terre dans sa ville d’adoption : comme la plupart des Vénitiens, Donna Leon ne supportait plus les envahissements de touristes jour après jour, 365 interminables journées par an. Mais elle continue d’inventer des crimes entre canaux et palazzos, pour que le Commissaire Guido Brunetti ne se retrouve pas au chômage. Elle explique d’ailleurs qu’elle est restée célibataire, vivant très bien avec son personnage !

Brunetti entre les lignes plonge le Commissaire dans les eaux saumâtres d’un marché noir bien particulier, celui des livres anciens. Quand il est appelé par la Dottoressa Fabbiano, directrice de la Bibliothèque Merula, il apprend que des livres ont été endommagés, pages coupées et retirées, arrachées, ouvrages volés. Brunetti apprend surtout que les livres anciens de la Merula sont hors de prix. 

L’enquête commence lentement, relevé d’empreintes, témoignages du surveillant de la noble institution, de la directrice, et recherche d’un lecteur assidu, uniquement intéressé par les oeuvres des pères de l’église rédigés en latin. Impossible qu’il n’ait pas assisté un jour aux vols ou aux déprédations de certains ouvrages. Un chercheur américain avec des recommandations longues comme le bras semble s’être évaporé. L’enquête révèle que ce l’homme n’existe pas aux Etats-Unis, tous ses papiers étaient des faux. Quant au fidèle lecteur, qui subitement déserte la bibliothèque, il est retrouvé assassiné avec une rare violence à son domicile de Venise.

Brunetti et son équipe en sont réduits à accumuler des détails insignifiants qui ne semblent pas mener à un assassin. Brunetti va donc enquêter du côté de la victime, un citoyen sans histoire, uniquement intéressé par les lectures des anciens. La rencontre avec son frère révélera au Commissaire le côté sombre de la victime, prêtre défroqué considéré comme insensible, voleur, menteur, uniquement tourné vers sa propre personne. Une deuxième fouille de son appartement révélera une fabuleuse collection de livres anciens de grande valeur, soustraits dans diverses bibliothèques, dont la Merula. Et l’assassin dans tout ça ?

Aidé par la fine équipe de la questure, Brunetti remontera le fil de l’affaire : on peut aimer les livres anciens, mais plus encore les jeux d’argent…

Très bon récit d’un Brunetti, de sa famille, de ses proches, de Venise sous toutes les coutures, où déjà apparaît l’exaspération des Vénitiens pour le tourisme de masse qui étouffe la Sérénissime.

Donna Leon : Brunetti entre les lignes, roman, Points Policier 4486, Paris, 2017, 307 p.

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