Un polar poétique
Écossais vivant en France, Peter May signe un roman insulaire avec cette « Île au Serment », qui se déroule entre les Hébrides, en Écosse et l’Archipel canadienne de la Madeleine, sur l’Île d’Entrée, 7km2, austère, pluvieuse, où vivent une centaine d’habitants.
Le flic Sime Mackenzie, de la Sûreté de Québec, accompagne une équipe d’enquêteurs – dirigée par son ex-femme – en tant que traducteur. Il est le seul à parler anglais, langue toujours en cours sur l’Entrée, où sont installés des Écossais déplacés durant la grande famine de la pomme de terre (à cause du mildiou) au 19ème siècle.
Chose incroyable, un citoyen de l’île a été assassiné. Sa veuve, Kirsty Cowell, est immédiatement soupçonnée, bien qu’elle jure avoir été agressée et sauvée par son mari qui n’a pas survécu.
Dépressif, insomniaque depuis sa séparation, Sime est certain de la connaître bien qu’il ne l’ait jamais rencontrée. Au cours d’un interrogatoire, elle reconnaît une bague qu’il porte, assurant qu’elle possède un bijou orné de la même pierre sculptée, mais elle ne le retrouve pas.
Peu à peu, distant de l’équipe que dirige son ex, et perturbé par le manque de sommeil, Sime plonge dans ses souvenirs. Des histoires le hantent, qui se déroulaient aux Hébrides, où un adolescent a vécu un bref amour impossible avant d’embarquer de force sur un navire direction le Nouveau Monde. Dès lors, deux histoires se chevauchent, un amour malheureux en Écosse et l’affaire du meurtre au Canada. Une chatte n’y retrouverait pas ses petits. Mais habitué à la nuit, Sime va lentement remonter le grand flou des siècles et dérouler le fil d’une sale affaire.
L’écriture de Peter May mêle avec beaucoup de talent les deux époques qui s’entrecroisent naturellement. D’une plume esthétique, raffinée, précise, il sait manier les couleurs sombres de ces territoires hors du monde. Ses personnages sont si vrais, si attachants, que le lecteur ne pourra pas les lâcher avant la chute, habile et mélancolique de ce polar poétique.
Peter May : L’Île du Serment, Babel Noir 163, Arles, 2016, 528 p.
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