Check-point

L’écrivain français Jean-Christophe Rufin annonce un CV à faire pâlir les hyperactifs : médecin, engagé dans l’humanitaire, diplomate, écrivain élu à l’Académie française. Et autres occupations sur le plan international. Et des prix littéraires à la pelle.

Tombant sur l’un de ses romans chez Emmaüs, je me dis qu’avec un tel parcours, l’œuvre doit être passionnante. Oh surprise, oh déception, son « Check-point » qui parle de la guerre en ex-Yougoslavie a surtout les allures d’une aide humanitaire version bac à sable : la jolie (forcément) et naïve (logique sous la plume d’un bon vieux macho paternaliste) Maud, au bénéfice d’un permis poids lourd (quand même, à 21 ans !) s’est engagée dans une ONG pour apporter de l’aide à Kakanj, à cinquante kilomètres de Sarajevo. Quatre volontaires l’accompagnent dans cette aventure qui tourne vite à la déroute. Au fil des check-points, Maud affronte une ambiance explosive, ses compagnons ne ressemblant pas à l’image qu’elle se faisait des humanitaires. Ils se détestent, se battent entre eux, et elle apprend qu’en matière d’aide, ils transportent… des explosifs.

Bon « scénar », de l’ambiance, du suspense… Hélas, le récit se délite rapidement. Maud la midinette tombe amoureuse de l’un de ses compagnons, perd sa virginité – on ne rate aucun détail de ce petit flirt de derrière les bombes… et toutes ses illusions.

La quatrième de couverture se veut alléchante et promet un vrai récit à rebondissements. En vérité, l’odyssée se termine en eau de boudin dans la boue, avec tristesse, larmes, remerciements de quelques révoltés désabusés et bombardements de l’OTAN au bon moment au bon endroit.

Durant les premières pages, le lecteur est alléché avant de perdre patience et de s’ennuyer sec, ou comment réduire à néant des pages qui auraient pu se révéler un excellent roman. Faut-il en déduire que les prix littéraires ne valent pas tripette ?

Jean-Christophe Rufin: Check-point, Folio 6195, 2017, 415 p.

voir aussi : critique de Globalia de Jean-Christophe Rufin