Arts plastiques et amours sulfureuses
Quand on se paie le luxe de naître un 29 février, on est forcément doté d’un esprit tordu. Ce ne sont pas les innombrables fans de Martin Suter – réputé l’écrivain suisse vivant le plus lu dans le monde – qui me contrediront. Dans ce récit qui n’est pas un polar, mais néanmoins… Les escroqueries se suivent avec un humour tout british, même si le héros du livre est un Zurichois plein aux as, vieux garçon, expert en art et ultime rejeton d’une très riche lignée helvétique. Adrian Weynfeldt pourrait se la couler douce sous les cocotiers, mais telle n’a pas été son éducation. Chez les Weynfeldt, on travaille. Comme il n’est doué en rien, ainsi qu’il l’explique à plusieurs reprises, mais est gratifié d’un œil de lynx et de connaissances en art qui dépassent la moyenne des amateurs d’objets de collection, il a mis son unique talent au service de l’art.
Charmant, gentil – mais loin d’être con –, généreux, solitaire, un brin ennuyeux, Adrian a ses petites habitudes, ses vêtements coupés sur mesure, ses entrées dans les salles des ventes où il assure les expertises, et tout un petit personnel qui veille à son bien-être, dont une secrétaire efficace, un tantinet acide. Il déteste l’informatique et n’a pas de téléphone portable. Il vit dans un immeuble abritant une banque, dont il occupe un étage refait à neuf, à grands frais et design de diverses époques, dès la mort de ses parents. Bien que menant une existence monastique, il a ses rendez-vous réguliers au restaurant avec des amis friqués, plus âgés que lui. Une vie réglée comme une montre suisse. Jusqu’au jour où, dans un troquet où il a ses habitudes, il est alpagué par une rousse flamboyante, vêtue comme une star de la mode avant-gardiste, Lorena Steiner. Elle, par contre, n’a pas d’argent. Ses tenues excentriques proviennent de vols dans les boutiques urfs de la ville. Elle est également un peu suicidaire et manipulatrice, comme finira par le comprendre Adrian, qui lui a sauvé la mise à plusieurs reprises.
L’un de ses amis de longue date lui propose un jour de mettre aux enchères un faux Vallotton, Femme nue de dos accroupie devant une salamandre, une œuvre de 1900. Dès lors, la vie d’Adrian prend une tournure des plus aventureuses. Il accepte de présenter au public, avant la vente, le faux Vallotton. Lorena, qui l’accompagne, est sidérée. Jamais elle n’aurait cru qu’il céderait à cette proposition malhonnête qui, un jour ou l’autre, ruinera sa réputation. La vente du faux tableau atteint des sommets inégalés, grâce à un mystérieux collectionneur qui répond au téléphone d’Adrian durant les enchères.
Entre temps, le dernier des Weynfeldt sauve encore celle qui est devenue sa maîtresse adorée en payant des sommes astronomiques. Et les responsables de la sécurité de la banque lui en apprennent de bien bonnes : preuve à l’appui, il découvre qu’il est manipulé par Lorena et un complice. Adrian ne perd ni son sang-froid ni ses manières de gentleman, et il tirera son épingle du jeu avec un tel brio que le lecteur en reste bouche bée. Chapeau l’auteur.
Et ne rêvez pas les filles… Adrian Weynfeldt n’est qu’un héros de papier !
Martin Suter: Le Dernier des Weynfeldt, Bourgois Éditeur, Coll. Points 2171, Paris, 2009, 345 p.
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