L’Affaire des lubies du temps perdu

Demi-teintes et lenteur

Rune Christiansen est un auteur norvégien, poète avant de tâter du roman. Son dernier récit, « L’Affaire des lubies du temps perdu » propose au lecteur la lenteur et la sobriété : Norma, comédienne, vient de se faire larguer par son mari, père de sa fille. Dans le même temps, elle a assisté à l’agonie de sa mère qui peu à peu a perdu la raison. Elle n’est pas satisfaite de sa prestation dans son dernier spectacle. Trop de stress la pousse à quitter son appartement à moitié vide, ses habitudes pour tenter de faire le point. Elle rejoint son père, Torsten, installé dans une vieille maison familiale sur une petite île. Père et fille se connaissent peu, se voient rarement. Le vieux est pourtant ravi d’accueillir sa fille. Mais, comme à son habitude, il vit dans son silence intérieur, ne pose aucune question, ne parle pas de lui. Norma pressent un mystère qu’elle veut élucider, mais elle tâtonne dans le vide, attentive à des signes qui n’en sont peut-être pas. Elle finira, soulagée, par apprendre une vérité qu’elle pressentait. 

Ce roman d’une lenteur exaspérante s’attache aux détails – on sent chez l’auteur le poète émerger à tout instant des phrases qui se suivent, pas forcément logiques. Il ne se passe quasi rien sur l’île, seule Norma remue des pensées, tout en creusant le passé. Elle agit tout en excès dans un décor paisible. Son père vit sa vie, apparemment indifférent à celle de sa fille. Les personnages semblent désincarnés, il est difficile de s’accrocher au récit plutôt gris que coloré. Pourtant, l’aspect psy du roman finit par convaincre, mais alors patience…

Rune Christiansen : L’Affaire des lubies du temps perdu, roman, Noir sur Blanc Ed., coll. Notabillia, Paris, Lausanne, 2023, 239 p.

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