Sur la dalle

Deux polars en un !

Les fans de Fred Vargas se sont régalés des enquêtes de Jean-Baptiste Adamsberg, un flic tellement décalé que ses supérieurs en sont agacés, mais admettent néanmoins les brillants résultats. Rêveur et nonchalant, Adamsberg ne peut rester assis longtemps. Il a besoin de marcher et c’est lors de ses balades que les puzzles des affaires en cours trouvent leurs solutions. 

En 2017, paraît Quand sort la recluse, dernière enquête du flic aux manières peu orthodoxes et de son équipe aussi peu conventionnelle que lui. Plus le moindre Adamsberg à se mettre sous la dent depuis lors. Et miracle, en 2023, Vargas publie Sur la dalle, avec lequel l’auteure a peut-être voulu rattraper le temps perdu, offrant à ses fans deux romans en un.

Nous connaissons la passion de Vargas pour l’histoire. Dans ce dernier récit, Adamsberg est envoyé dans le nord, entre Rennes et Saint-Malo, à Louviec, village imaginaire, situé à neuf kilomètres du Château de Combourg – une austère forteresse qui n’a rien de romantique –, elle bien réelle, achetée par le père de Chateaubriand, écrivain du XIXème siècle. L’auteur rapporte dans ses Mémoires d’outre-tombe qu’un fantôme hantait le château et sortait la nuit, martelant le sol de sa jambe de bois. C’est dans ce décor, fantôme compris, que Fred Vargas inscrit Sur la dalle : Louviec est un village célèbre pour abriter le sosie de l’écrivain, Josselin de Chateaubriand, descendant de l’illustre père du romantisme. Démuni d’argent, Josselin perçoit un salaire de la part de la mairie, à condition d’être montré aux touristes comme un objet de foire, tant la ressemblance avec son aïeul est frappante. Or, une nuit, au sortir de l’Auberge des Deux écus, haut-lieu de gastronomie, un client est assassiné. À l’article de la mort, il murmure quelques mots qui impliquent Josselin. 

C’est le début d’une suite de meurtres qui inquiètent en haut lieu. Le ministre de la Culture veut un flic efficace pour prendre la main sur le commissaire Matthieu qui patauge dans la semoule :  pas question de s’en prendre à Josselin de Chateaubriand, descendant d’un monument de la littérature française.

Adamsberg débarque donc avec une partie de son équipe et l’enquête commence. 

Comme à son habitude, Fred Vargas se concentre sur les personnages, leurs habitudes, leur caractère. Adamsberg se lie d’amitié avec le patron de l’Auberge, et retrouve Matthieu avec une grande joie – il avait précédemment résolu une affaire avec lui. Les détails s’accumulent, de même que les cadavres. C’est alors que le deuxième roman vient perturber la première enquête : avant son départ de Paris, Adamsberg et la fine fleur de son équipe avaient arrêté des malfrats, dont le chef s’était échappé. Celui-ci veut la peau d’Adamsberg. Il débarque à Louviec avec de nouveaux sbires, tueurs aux manières expéditives. Or, la seconde affaire est liée aux meurtres de la première. Pour démêler l’écheveau, Adamsberg s’en va rêvasser sur la dalle d’un dolmen vieux de quatre mille ans. Après moult rebondissements et enlèvement d’une petite fille, Adamsberg, la mort dans l’âme, arrêtera le coupable des meurtres, pour qui il éprouvait une grande sympathie.

Les deux récits imbriqués se terminent par l’adoption d’un ânon femelle qui tiendra compagnie au cheval de Josselin de Chateaubriand. Et les lecteurs partageront le bonheur d’Adamsberg en apprenant que son hérisson blessé a été sauvé par une vétérinaire aussi efficace qu’empathique. 

Du grand Vargas dont on peut s’échapper.

Fred Vargas : Sur la dalle, Ed. Flammarion, Paris, 2023, 511 p.

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