Bouffonnerie littéraire
Avec un titre qui se veut sans doute une métaphore du machisme présenté dans le roman, le Croate Ante Tomic a écrit une « douce satire de l’Eglise, de l’Etat, de la nouvelle Croatie », comme le souligne la quatrième de couverture. Les personnages du village de Smiljevo sont en effet d’amusantes caricatures, de la veuve délurée, au poète incompris, en passant par un émigré qui a fait fortune en Allemagne, qui pousse sa fille à la révolte en voulant la marier selon ses principes, un général de l’armée, un prêtre alcoolique, un épicier fan de feuilletons mexicains et quelques autres, tous dérisoires.
Rien ne se passe dans cet arrière-pays dalmate. Les acteurs de la comédie apparaissent, disparaissent, reviennent, au gré de courts chapitres qui annoncent la couleur des pages qui les suivent. Imbroglio amoureux, retour à la vie après la mort, détachement de l’armée au service de la veuve, ou encore, ce chapitre 15 « dans lequel rien ne se passe, de sorte que vous pouvez sauter les pages suivantes » ! Et des habitudes culinaires locales qui ne feront pas saliver les lecteurs.
Certes… dès les premières lignes, le ton de la parodie est donné, pour décrire un coin de pays aux moeurs pour le moins archaïques. Assez vite ennuyeuses, les mésaventures rocambolesques des personnages ne sont ni assez excessives ni assez drôles pour retenir l’attention. Ce premier roman de l’auteur ne pose ni décor, ni étude de caractère qui en font un récit auquel s’attacher. Des chiffres entre parenthèses suivent le nom des comparses. Est-ce pour signifier l’âge du protagoniste ?
Mystère. Si la construction du roman offre une réelle originalité, saluons le travail du traducteur qui fournit d’importantes informations, tant sur la prononciation du croate que sur les événements historiques ou des spécialités culinaires.
Cette traduction était-elle bien nécessaire
Ante Tomic: Qu’est-ce qu’un homme sans moustache ? Ed. Noir sur Blanc, Lausanne et Paris, 2023, 203 p.
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