L’Iris blanc

La pensée positive, arme de guerre

Quand on tire un album à cinq millions d’exemplaires, vendus dans 20 langues et dialectes, on peut parler de succès de librairie ! Tel est le CV du dernier Astérix, « L’Iris blanc ». Ils peuvent toujours s’aligner, les petits critiques lèvres pincées, affirmant que seuls Uderzo et Goscinny étaient les maîtres du village gaulois résistant au grand César. Ce 40e opus des aventures de nos dingos préférés, Idéfix en tête, propose un sacré bon moment de sourires aux dépens des Romains qui, au désespoir de César, ne veulent plus combattre, malgré des arrangements d’horaires et de salaires revus à la hausse. 

C’est alors qu’apparaît Vicévertus, un sage qui enregistre un succès grandissant entre Rome et Lutèce avec sa nouvelle philosophie, l’Iris blanc, la pensée positive. Vaincu par la soldatesque en rupture de travail, César finit par accepter l’aide de Vicévertus, lui promettant la gloire et l’argent s’il réussit à faire exterminer le village de ses cauchemars, ou les lions aux arènes en cas d’échec. 

Arrivé chez les Gaulois, Vicévertus fait sensation avec son Iris blanc. Les Gaulois apprennent les bonnes manières, se ramollissent, et en face, même réaction parmi les troupes romaines. On se bat vaguement, en se félicitant entre ennemis. Lyrisme et poésie au bout des poings et des armes. Obélix est désespéré, il n’a plus le moindre adversaire à dérouiller et au bled, tout le monde est gentil, poli, on en vient même à écouter un concert du barde…enfin, presque.

À tel point qu’Astérix finit par se demander où veut en venir Vicévertus avec sa pensée positive. D’ailleurs, le fourbe Romain n’est pas satisfait. Son but était de remettre les soldats à la guerre, pas à la paix avec remerciements aux baffes d’Obélix. Mais il découvre vite le talon d’Achille du village : Bonnemine, l’épouse du chef, qui n’est pas vraiment satisfaite de son sort de femme au foyer et qui rêve de rejoindre son frère à Lutèce. Il lui promet monts et merveilles, songeant qu’il va l’offrir à César en déplacement dans la grande ville. Fatale erreur !

Cette dernière mésaventure des Gaulois vaut sa petite heure de lecture, et son arrivée en CGV (char à grande vitesse) à Lutèce laisse augurer d’un regard cocasse sur notre société. Ou, quand les humains prouvent une fois encore qu’ils n’ont pas évolué d’un rail ! Truculent.

Fabcaro, Didier Conrad: L’Iris blanc, BD, Éd. Albert René, Paris, 48 p. ill. ; 2023

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