Une trilogie très addict.
Quand on pense que le polar était très méprisé il y a encore peu de temps ! Aujourd’hui, il envahit les librairies et les lecteurs les plus exigeants complètement accros.
Comme dans tous les genres littéraires, on compte les pousse-crayon qui s’estiment écrivains et ceux qui rivalisent de talent et d’imagination, explorant tous les genres : du polar à la Hercule Poirot au thriller tordu, de l’enquête implacable, très cérébrale, au bain d’hémoglobine à toutes les pages, en passant par le récit qui flirte avec la science-fiction, il y en a pour tous les goûts. Des perles et… des navets, les lecteurs ont le choix entre écriture jouissive et vague rédaction pour consommateur illettré !
Sa première trilogie mettait en scène l’inspectrice Sarah Geringën – qui réapparaît dans le 3ème volume de la seconde trilogie, dont le premier volume, « Le Dernier message », permet à l’inspectrice Grace Campbell de la police de Glasgow de rattraper sa réputation entachée : atteinte de boulimie pour des motifs personnels, elle a été reléguée à la paperasse après avoir raté une arrestation à cause de son obésité. Elle est néanmoins envoyée enquêter sur un homicide particulièrement atroce dans un monastère habité par cinq moines, sur une île à l’ouest de l’Écosse. La victime, qui semble s’adonner à des recherches scientifiques de haut niveau, était un pensionnaire du monastère. Alors qu’elle joue sa carrière, Grace Campbell va devoir affronter un ennemi terrifiant, Gabriel, un tueur sans âme. Heureusement, l’inspectrice ignore qu’elle a mis le doigt dans un imbroglio où rien de moins que la survie du genre humain est en jeu…
Dans « Le Passager sans visage », l’ennemi se précise. L’histoire tourmentée de Sarah également. À fouiller le passé, elle ouvre la Boîte de Pandore. Pire qu’un cauchemar, elle devra affronter l’organisation Olympe, le mal incarné. De l’Écosse à la Forêt Noire, en passant par les alpes suisses, Grace Campbell découvre une nouvelle interprétation des contes et légendes de notre enfance, qui va l’entraîner à affronter ce mystérieux passager, mi-homme, mi-femme, dont le but est d’apporter le bonheur au monde… à sa manière, qui comprend notamment l’abêtissement du genre humain – allusion très claire à nos sociétés à la dérive. Alors que l’inspectrice a déjà perdu un amour durant sa précédente enquête, la voilà qui tombe à nouveau sur Gabriel, lequel propose une collaboration, afin de démembrer Olympe, dont il était le nettoyeur, le tueur sans âme… La pilule est dure à avaler pour l’inspectrice. En fin de volume, un autre personnage se pointe, Sarah Gehringen, héroïne de la première trilogie de l’auteure. Que fait-elle là ?
Le troisième volet de la série vise « L’Archipel des oubliés », où vivent de rares citoyens conscients du carnage que prépare Olympe. Mais pour y parvenir, le chemin est long, dangereux et tortueux. Elles sont désormais deux à poursuivre « Le Passager sans visage » qui a survécu, afin de mettre un terme à ses desseins diaboliques. Après moult rebondissements, Sarah Gehringen et Grace Campbell rejoignent ce curieux archipel, où les attend… Gabriel, reconverti en ange de bonté. Sacrée pirouette de l’auteur pour faire passer la pilule… et quel talent !
Loch Ness et son monstre bien vivant, asile psychiatrique norvégien sans espoir d’en sortir, mystérieuse et dangereuse femme-enfant, Olympe est partout. Grace Campbell se laissera-t-elle manipuler par le passager sans visage, génie du mal mi-homme mi-femme ? Le discours est tentant…
En fin de volume, Nicolas Beuglet offre aux lecteurs des pistes de réflexion et une bibliographie d’ouvrages concernant l’état de notre civilisation. Son imaginaire a en effet puisé dans notre réalité quotidienne des sujets vertigineux qui nous mènent dans un gouffre sans fond, avec notre participation. Son écriture est limpide, efficace, son sens du thriller époustouflant. Un auteur qui tend au lecteur un miroir apocalyptique : est-il déjà trop tard ?
Nicolas Beuglet, Le Dernier message, XO Editions, 2020 ; Le Passager sans visage, même éditeur, 2021 ; L’Archipel des oubliés, même éditeur, 2022. Disponibles en Pocket.
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