Boniments

L’envers des mots

François Bégaudeau n’a rien d’un gentil garçon. La lucidité qui l’habite se traduit chez lui par des livres qui le font traiter de stalinien sur les plateaux télé. Dans Le Monde diplomatique, on évoque sa « férocité réjouissante ». Élevé à Nantes dans un environnement de gauche, son père est communiste, il se dit, lui, plutôt anar. Agrégé de lettres en 1994, il fonde, avec quelques amis, le groupe punk rock Zabriskie Point, dont il est chanteur et parolier. Il est aussi réalisateur, critique littéraire, acteur et romancier/essayiste, enseignant.

Ses essais dérangent les milieux bourgeois, parce qu’il a la fâcheuse habitude d’appuyer là où ça fait mal. Il n’épargne personne, et encore moins, entre autres, les électeurs de Macron. Son essai « Histoire de ta bêtise » lui vaut la révocation de son poste de critique à la revue Transfuge.

Il vient de publier « Boniments », joli terme désuet pour une analyse caustique d’une quarantaine de termes, que les élites ont tordus pour mieux manipuler les pauvres bougres, esclaves d’une société néo-libérale qui les presse comme des citrons. 

De trottinette – forcément électrique par les temps qui courent – à tik tok, machine à café, burn-out, compétences et autres algorithmes, Netflix, inclusion, etc., il se fait un plaisir joyeusement sarcastique de les remettre à une juste place, ou, comme le précise la quatrième de couverture : « La langue du capitalisme ne doit pas être démasquée, elle doit être passée au crible sec de la précision. »

Selon ses convictions philosophiques, le lecteur s’offre une crise cardiaque, une rage de dents ou boit du p’tit lait. Ou plutôt un bon scotch, bienvenu pour accompagner cette rigueur intellectuelle savamment ironique.

François Bégaudeau : « Boniments », Ed. Amsterdam, Paris, 216 p.

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