Les Chances qu’il nous reste

Histoire de la sixième extinction

Aucun lecteur ne sortira indemne de cette lecture.  Ancien sportif de haut niveau, Erwann Menthéour s’est recyclé dans le bien-être, après avoir découvert la malbouffe et les excès imposés aux cyclistes – ce qu’il était. 

De manière drastique, il a mené une enquête sur l’état de la planète face à nos comportements aberrants. 

Selon ses recherches, « l’homme disparaîtra probablement avant la fin de ce siècle ». Les chiffres qu’il livre sont effroyables. Par exemple : « au cours des quarante dernières années, notre planète a perdu plus de 70% des populations du vivant, dont 80% des vertébrés », ou encore « En 2030, un homme sur deux sera stérile dans les pays occidentaux ».

L’extraction du pétrole se révélant de plus en plus ardue, avec des coûts qui explosent, exige toujours davantage d’énergie. Qui dit énergie, dit électricité. Or, celle-ci ne pousse pas dans les bacs à fleurs. Fournir la fée invisible qui tient les sociétés occidentales debout exige des moyens polluants, telles l’extraction du charbon ou les centrales nucléaires (pensons au recyclage des déchets, où le pire est à venir pour les générations futures). Juste un exemple: « visionner une vidéo en streaming, c’est la consommation d’électricité annuelle d’un frigo ».

Selon l’auteur, les humains restent dans le déni climatique, réfugiés qu’ils sont dans la croyance incompréhensible d’une croissance infinie. « Et comme il est dangereux d’attendre, et illusoire d’espérer un changement en provenance des sphères de pouvoir, notre seule option est de désobéir et de trouver nous-mêmes des solutions efficaces », précise-t-il.

Réchauffement climatique, sécheresses alors que d’autres régions du globe sont noyées sous des pluies diluviennes, feux de forêt, océans qui se réchauffent à toute vitesse, fonte des glaces, tempêtes, « le CO2 dégagé dans l’atmosphère se dissout dans l’océan, accélérant son acidification, perturbant les courants océaniques. Les coraux blanchissent et meurent. » On oublie qu’ils supportent le quart de la vie marine et nourrissent directement  un demi-milliard de personnes. Un massacre qui ne dit pas son nom.

Côté permafrost, qui recouvre 22% de la surface terrestre, renfermant de grandes quantités de carbone et du méthane – 34 fois plus puissant que le CO2, les nouvelles ne sont guère encourageantes, car les glaces n’auront bientôt plus rien d’éternel : « La fonte de ces glaces ancestrales ferait monter les températures de plusieurs degrés, signant la fin de l’espèce humaine, parmi tant d’autres. Et n’évoquons qu’en passant les 270.000 tonnes de déchets plastiques (chiffre de 2019), qui ont formé le « 7ème continent au large du Pacifique. Ce « continent » menace gravement la diversité biologique marine. D’ailleurs « la population des mammifères marins a diminué de 80% au cours du dernier siècle. »

L’humain, totalement anesthésié par la contre-information, reste confiné dans son mutisme et dans le déni d’une fin annoncée de la civilisation terrestre. Et de toute forme de vie.

Atteindrons-nous 2050 ? 2100 peut-être ? Les mouvements de révolte qui se développent ici et là suffiront-ils à renverser les monstres de l’économie mondiale ?

Erwann Menthéour : Les chances qu’il nous reste, essai, Fayard Ed., 2019, 216 p.

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