Légitime défense
En Angleterre, les femmes subissent des violences conjugales comme partout ailleurs dans le monde. Un jour, Sally, battue depuis des années, attrape la poêle en fonte de mamie et, craignant pour sa vie, l’abat sur la tête du tortionnaire pour se défendre. Ce qui n’était pas prévu, c’est que l’homme reste étendu sur le carrelage de la cuisine, renvoyant au diable sa maudite petite âme.
Ouille… Que faire de ce cadavre en plein confinement ? Sally n’en a pas la moindre idée, mais en attendant la solution miracle qui ne l’envoie pas derrière les barreaux, elle dégotte sur Internet une recette pour empêcher le mort de se décomposer.
Sous l’oeil vigilant d’une voisine qui observe tout et donne des leçons à chacun, elle est contrainte de raconter que son époux est malade. Ça se complique avec le travail, quand le patron demande aux employés de retourner au moins un jour par semaine au turbin. Alors qu’elle se triture les neurones pour sortir du pétrin, elle croise trois autres femmes de son quartier qui sont dans le même dilemme : avouer à la police alors qu’elles étaient en légitime défense ? Pas question.
Sally apprend avec stupéfaction qu’une grande amie à elle, perdue lors de son mariage, a elle aussi tué son mari. Ensemble, les quatre veuves et la fille de l’une d’elles forment un curieux club de fossoyeuses et commencent à imaginer un plan audacieux, qui exigera que les odieux macchabées se connaissaient et sortaient parfois ensemble entre mecs. Mais, faire disparaître les corps selon leur plan assez machiavélique exige que les corps soient découpés en morceaux, tâche à laquelle elles s’attellent avec énergie et courage !
C’est alors qu’elles apprennent à connaître la fameuse voisine, qui elle aussi, en son temps, avait liquidé le monstre qui la terrorisait.
Caustique et mené tambour battant, ce roman de quasi 500 pages se lit vite et provoque les rires bienvenus des lectrices (lecteurs, s’abstenir !).
Enseignante à l’Université de Bath, conseillère auprès des médias et des politiques sur la douloureuse question des femmes et enfants battus, Alexia Casale a pris le parti de la farce pour faire passer son message.
Le récit se termine par des notes de l’auteure, qui souligne qu’au Royaume-Uni, une femme est tuée tous les trois jours par un homme, principalement le conjoint ou l’ex-partenaire de la victime. Elle donne des statistiques effrayantes concernant les brutalisés infligées aux femmes et aux filles durant le Covid, insistant que ce sont souvent les voisins qui avertissaient la police.
Une lecture attrayante qui ne cache en rien une réalité de violence perpétuelle que doivent affronter les femmes du monde entier.
Alexia Casale : Comment enterrer son mari en toute discrétion, Ed. Julliard, Paris, 472 p.
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