Un mystérieux hongrois
Ce court roman – le cinquième de l’auteure – paraît affligeant de banalité. Du moins dans les premières pages. Et peu à peu, Catherine Lovey accroche l’attention du lecteur, transformant l’insignifiance en moment littéraire inattendu : une narratrice apprend à connaître son voisin de palier, Sàndor, un Hongrois, homme d’affaires qui voyage beaucoup. Leur relation est polie, sans plus, c’est qu’ils n’ont rien en commun. Elle participe à la vie de quartier, il est solitaire, replié sur lui-même. Elle est observatrice, il semble traverser la vie sans aucun réel intérêt. Certes, il parle volontiers, mais pas de lui. Elle découvre qu’il change physiquement, perd du poids. Sàndor ne nie pas la maladie, il estime que les étapes vers la guérison passent par la fatigue, les séjours à l’hôpital, l’attente. Il est optimiste jusqu’à l’absurde. Leurs liens se resserrent, difficiles. Pleine d’empathie et de curiosité, elle accepte la position du Hongrois concernant son cancer, lui apportant une aide précieuse. Hormis la question de la maladie, leurs échanges sont parfois houleux, mais sincères et il se montre généreux avec elle. Il caresse quelques projets de voyage qui le tiennent debout, même si, au final, il doit renoncer. Il a des amies, très inquiètes pour lui. La narratrice, elle, est trop réaliste pour s’encombrer d’illusions. Elle nourrit davantage d’espoir de sauver des arbres en pleine santé, promis à la destruction.
La force de ce curieux récit réside dans la description de la vie quotidienne dans un immeuble sans importance. Et la trivialité contée par le menu prend une dimension symbolique, celle de la mort qui suit la vie, sans ostentation, sans violon, sans fracas, sans état d’âme : les faits, rien que les faits.
Finalement assez émouvant.
Catherine Lovey : Histoire de l’homme qui ne voulait pas mourir, Ed. Zoé, Genève, 2024, 176 p.
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