
Quand l’animal part au secours de l’homme
Elle s’appelle Petite Merdeuse, dite PM. Une corneille domestiquée qui assiste, bien impuissante, à la disparition des Enfoirés – les humains ainsi qu’elle les appelle. Elle menait une vie agréable avec Big Jim, son maître alcoolique et Dennis « un limier doté d’un QI d’opossum trépassé… qui passe 94% de son temps à se lécher les couilles ». Ainsi parle PM.
Hélas, cette onde de félicité quotidienne à Seattle va être soufflée par un virus inconnu qui transforme les humains en zombies de la pire espèce.
PM, qui aime les hommes et les femmes malgré leurs abominables défauts, décide de sauver cette race « qui marche sur deux pattes et confectionne tout ce dont elle rêve ». En compagnie de Dennis – les animaux ne sont pas touchés par l’horreur –, elle commence par sauver les animaux prisonniers des maisons. Mission parfois impossible, malgré l’aide inattendue des corbeaux qu’elle passait son temps à insulter.
Chemin faisant, elle doit rivaliser d’intelligence avec les situations dans lesquelles Dennis et elle-même se fourrent, jusqu’au jour où, enfin, elle comprend qu’elle est bel et bien un oiseau et jamais ne sera humaine comme elle en rêvait. À la recherche d’Enfoirés encore en vie et sains d’esprit, ses aventures pourtant dramatiques n’entament pas son moral d’acier. Elle raconte avec un joyeux cynisme la vie de cette drôle de race qu’elle apprécie, raconte avec un humour dévastateur et tendre les mœurs des sauvages désormais libérés de leur oppresseur. Elle détaille sans détour les horreurs traversées, avec un regard de journaliste implacable sur terrain de guerre. Et, fine mouche, comprendra d’où vient cet abominable virus, cauchemar de l’auteure qui imagine les dégâts du monde virtuel.
À force de recherches, d’abnégation, de commentaires aussi cruels que drôles, et pertinents – PM n’a pas sa langue enfouie dans ses plumes –, elle finira par découvrir un bébé d’Enfoiré qu’elle prendra sous son aile.
Kira Jane Buxton, blonde américaine qui ressemble davantage à Barbie qu’à une écrivaine aussi sardonique, vit à Seattle avec ses chiens, chats, corbeaux, colibris, geais, écureuil et mari. Son roman est un vrai morceau d’anthologie qui réjouira les amateurs de SF et les grands amoureux de la cause animale.
Kira Jane Buxton : Le Royaume des Enfoirés, Phébus Editeur, Paris, 2023, 430 p.
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pour le plaisir et bien d’autres choses…
