Le carlin porte-bonheur
Baptiste piétine dans une période sombre : son troisième roman n’intéresse personne, sa femme l’a quitté pour un vieux poilu. Mais au moins, il s’est rapproché de sa mère. Désillusionné à 40 ans à peine, il traîne toute la journée dans son affreux studio en survêtement molletonné. Et voilà que la voisine lui demande de garder son carlin le temps de se faire opérer de la cataracte. Comme elle a souvent dépanné Baptiste, il ne peut pas refuser. Flanqué d’un cabot paisible et casanier, il poursuit son existence de misère et s’en va, le soir, en voiture, observer son ex et son dentiste chez eux. C’est devenu une drogue. Bon prince, le carlin ne s’en plaint pas, mieux, il est peut-être même disposé à apporter le bonheur à Baptise. Car en effet, depuis que le chien est installé chez lui, sa vie a pris une tournure positive, il rencontre une autre femme et son roman commence à se vendre. Ce qu’il ne manque pas de raconter à maman, laquelle n’a qu’une obsession : que son mari rentre à la maison… mais celui-ci a découvert qu’il était homosexuel et file le parfait amour avec un homme charmant. C’est l’avis de Baptiste.
C’est alors que la maîtresse du carlin rentre de l’hôpital… ce qui va précipiter les événements, la disparition du chien, l’apparition d’un deuxième carlin, qui servira de repas à une famille de rapaces… et une fabuleuse annonce pour Baptiste : contacté par Fanny Ardant elle-même, à laquelle il avait envoyé une sorte d’inventaire à la Pérec. La dame se voit déjà dans un spectacle avec ce texte. Elle veut le rencontrer.
Un court roman haut en couleur et drôle, qui se déguste d’une traite, sourire aux lèvres. Quant à Croquette aux yeux globuleux, le carlin survivant, il se lèche les babines, un tel hommage le touche au cœur qu’il a, paraît-il, fragile !
Stéphane Carlier : Le Chien de Madame Halberstadt, roman, Ed. Le Tripode, 2019, 137 p.
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