Le Chat du bibliothécaire : Succès mortel

Soft polar pour âmes sensibles

Le polar trash a le vent en poupe depuis des années. Plus il y a de viscères étalés, d’hémoglobine jaillissante, plus les meurtres sont odieux et racontés avec force détails, plus, apparemment, les lecteurs se lèchent les babines, si ce n’est les neurones. À l’époque des effroyables violences qui parsèment la planète, avec de vrais monstres adoubés par des politiques à l’agonie, le polar insoutenable de brutalité, lui, en miroir, fait sonner le tiroir-caisse des éditeurs et des libraires. 

À ce succès malsain – certains romans policiers sont à vomir d’horreur –, l’auteur américain Miranda James, pseudonyme de Dean James, oppose sa série « Le Chat du bibliothécaire », Diesel, Maine Coon affable, séducteur, curieux, d’une élégance à couper le souffle. Ami fidèle de Charles Harris, bibliothécaire qui mène une vie tranquille à Athena, petite ville du Mississippi, il suit partout son maître, à la laisse et libre dès qu’il est à la maison ou à la bibliothèque. 

Dans ce Succès mortel, Godfrey Priest, célèbre auteur de thrillers, a été invité à un dîner de gala dans sa ville natale (introuvable sur la carte). Mais voilà que l’écrivain, détestable et arrogant, est retrouvé assassiné dans sa chambre d’hôtel. La responsable du bureau du shérif mène l’enquête, mais Charles Harris ne peut s’empêcher d’y mêler son grain de sel. Assisté de sa majesté Diesel, une diva à travers la ville, il commence à compléter le puzzle de cette mystérieuse affaire. C’est alors que réapparaissent les petits secrets des uns et des autres, pas toujours reluisants. C’est qu’à Athena, tout le monde connaît tout le monde ; enfant et adolescent, Harris avait suivi la même scolarité que Priest. 

Alors quoi ? Qui a bien pu envoyer dans l’au-delà le scribouillard à succès ? Car au fil des pages, il apparaît que Priest était un mauvais auteur, qu’il vende ses livres comme des petits pains n’y changeant rien. Assez vite, le lecteur découvre que tout le monde le détestait, hormis son agente littéraire à qui il rapportait gros !

Le charme de cette série réside dans la description des mœurs et des habitudes des habitants d’une petite cité américaine, oubliée de la civilisation. On y voit défiler des personnages plus vrais que nature. Ici, pas de héros, des humains dans leur quotidien, le décor dans lequel évolue le bibliothécaire, sa femme de ménage, cuisinière et mère de la shérif, du genre rébarbatif. On pourrait s’ennuyer. Pourtant non, tant l’atmosphère, qui rappelle Agatha Christie, est astucieusement ficelée, le Maine Coon apportant une touche de légèreté féline qui séduira les amateurs de polars pépères, fussent-il hélas parsemés ici et là de quelques bondieuseries maladroites.

La chute inattendue vaut les 380 pages qui précèdent !

Miranda James : Le Chat du Bibliothécaire. Succès mortel, J’ai lu, 2024, 385 p.

2024

2023

2022

pour le plaisir et bien d’autres choses…

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