L’aventure sans filet

Le terme est récent. Il a été proposé par le Canadien Jeff Chapman en 1996, et devenu populaire à partir des années 2000. Urbex est la contraction d’exploration urbaine en anglais. Si cette activité, parfois dangereuse et souvent interdite, a pris un essor considérable depuis 2010, c’est principalement dû aux réseaux sociaux.
Et pourtant, les humains l’ont toujours pratiquée, sans lui attribuer un vocable particulier, notamment en visitant les sites archéologiques ou en s’adonnant à ce que le photojournaliste français Ambroise Tézenas nomme « Le Tourisme de la désolation » (ou tourisme noir), titre de son livre paru chez Actes Sud. Les sites présentés par Thézenas, tous abandonnés, mais « vivants », hurlant aux souvenirs des martyrs, qui vont de Tchernobyl à Oradour-sur-Glâne, en passant par les traces de l’assassinat de JFK, le circuit commémoratif du génocide au Rwanda, le Musée du génocide Tuol Slang au Cambodge, la prison de Karosta en Lituanie, et autres sites abjects, tel Mleeta au Liban. Dans ces cas-là, c’est autorisé et… payant.
Les visiteurs adorent les lieux où l’horreur étendait ses pires abominations ou ses catastrophes. Ce tourisme de l’indicible pourrait entrer dans la définition d’urbex, dans un sens très large.
Jeff Chapman, lui, a fait des émules parmi les aventuriers à la petite semaine, à la recherche d’émotions fortes. Mais peu à peu, chercheurs, écrivains, photographes et historiens s’en sont mêlés. La bibliographie concernant le domaine est vaste et bien documentée.
Parmi les ouvrages consacrés au sujet, « Urbex, le phénomène décrypté » de Nicolas Offenstadt, décrit la mouvance, l’analyse en historien, fournit des conseils, des adresses connues dans le milieu, offrant au lecteur une sorte de bible du bon sens et du respect des lieux désertés : les urbexeurs purs et durs ne fournissent jamais l’adresse de leurs découvertes, afin de préserver ce patrimoine à la dérive : les pillages y sont innombrables et les accidents monnaie courante ; un plancher pourri, un toit brinquebalant, une cave oubliée dont les escaliers sont brinquebalants sont autant de pièges pour les curieux.
Découvrir et arpenter châteaux et immeubles oubliés, hôpitaux délaissés, usines à l’abandon, parcs aquatiques ou collèges désaffectés requiert souvent un solide entraînement physique et une préparation adéquate : renseignements concernant l’endroit et le règlement qui interdit ou non la visite, matériel à emmener, tels boisson, lampe de poche, téléphone portable, éventuellement corde… et couteau suisse ! Il est recommandé de ne jamais entamer la « balade » en solitaire.
L’auteur souligne également qu’il existe un « porno des ruines » : des récits d’explorateurs qui ne cherchent qu’à voir la beauté de la mort, évoquant « les émotions face à ces ruines érigées en exotisme… », sans afficher le moindre respect, agissant en voyeurs.
On le voit, la question de l’urbex est complexe.
Nicolas Offenstadt qui compte des centaines de visites à son compteur d’urbexeur, raconte ses propres expériences. Une bibliographie complète l’ouvrage… et des photos de mauvaise qualité en noir et blanc !
Nicolas Offenstadt : Urbex. Le phénomène de l’exploration urbaine décryptée, Ed. Albin Michel, Paris, 2022, 192 p. Ill.
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2023
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