Les 24 heures du temps

Big Freeze ou encore Big Rip ?

Il est parfois bon de retrouver dans sa bibliothèque un bouquin qui traite d’un grand sujet bateau qui cache encore bien des mystères, le temps.

Comme tout un chacun le vérifie un jour ou l’autre, quoi de plus relatif que le temps ? Et pourtant, 60 secondes égalent une minute. Si vous avez des doutes, adressez-vous aux horloges atomiques. Elles affirment qu’une minute, c’est bien 60 secondes, ya pas à chercher midi à quatorze heures ! Malgré cela, toutes les expériences le l’humanité parviennent à la même conclusion : bons moments avec des amis ? Vacances ? Week-end en amoureux ? Vous ne l’avez pas vu passer, ce temps aussi instable que le sable dans une main. En prison, le temps est d’une terrifiante lenteur. Peut-être parce que « le temps est une invention humaine », explique le journaliste genevois Pierre-Yves Frei dans son ouvrage « Les 24 heures du temps », un vrai roman d’aventures.

La vulgarisation scientifique est un art auquel Pierre-Yves Frei s’adonne depuis plusieurs années. C’est donc à lui que s’est adressé le Musée d’histoire des sciences de Genève, rattaché au Museum d’histoire naturelle, afin de concrétiser pour le public le thème de l’édition 2008 de la Nuit des sciences, destinée à tisser des liens entre le monde scientifique et le grand public. Son ouvrage entraîne le lecteur dans le sillage de sa propre histoire, grain de poussière dès qu’elle est comparée à celle de l’univers. Le journaliste rappelle que le Big Bang aurait fêté ses 13,8 milliards d’années, à quelques siècles près. La formation de la petite planète bleue témoigne d’une ado de 4,56 milliards d’années, homo sapiens ne comptant environ que 300.000 ans au compteur. Mais son histoire est tortueuse, les premières traces de l’humanité remonteraient à sept millions d’années.

Aussi jeune fût-il, notre aïeul a vite compris que vivre, c’était… mourir. Il a donc inventé l’idée de l’éternité, les dieux, ce folklore qui le différencie de l’animal. 

Mais quelle affaire que de tenter d’apprivoiser le temps, un fantôme si présent/absent. Frei passe en revue, par exemple, les innombrables courants philosophiques, qui tous ont interrogé l’être humain face à ce coquin de temps. Il se balade également de clepsydre en cadran solaire, de rythme musical en théories chimiques et physiques, elles aussi, à leur façon, confrontées à l’incontournable Chronos. Les douze chapitres défilent, empreints d’humour — l’homme y apparaît plutôt ridicule, même dans son génie créatif, toujours si fragile face à une réalité dont il appréhende à peine la pointe de l’iceberg… Le CERN a donc encore de beaux jours devant lui.

La conclusion l’ouvrage est une vraie descente aux enfers, Dante ne s’y serait point trompé, qui évoque la fin des fins : Big Crunch ? Big Freeze ? Big Rip ? C’est à choix, et c’est une bonne manière de relativiser notre ego !

Pierre-Yves Frei : Les 24 heures du temps, Ed. Zoé, Genève, 2008, 175 p. ill.


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