« Doux comme le silence » et « Les Lunettes de sommeil »

Ouf, des polars humains !

Enfin un auteur qui ne se croit pas obligé d’y aller de massacres à la tronçonneuse et autres viscères étalées pour intéresser ses lecteurs. Il s’appelle Raphaël Guillet, il est journaliste et écrivain en Suisse francophone. Mieux, son super flic est une fliquesse de charme : l’inspectrice Alice Ginier.

Au cours de sa première enquête, « Doux comme le silence », l’enquêtrice tombe sur un os : des morts sans lien les uns aux autres, expédiés de vie à trépas en pleine journée… et pourtant, pas de témoin. Comment imaginer qu’un maniaque de silence ait décidé d’en finir avec tous les écervelés qui hurlent dans leur téléphone portable, devenant ainsi, pour lui, une pollution sonore à abattre ? Pourtant elle aussi, apprécie le silence. Née à la montagne, elle aime retourner voir sa mère restée à la ferme, là-haut près du Col des Mosses.

Bien plus embrouillée qu’elle y paraît, l’affaire se déroule principalement à Lausanne et sur le Léman. Guillet crée des protagonistes proches du lecteur. Rusée et intelligente, la fliquesse elle-même n’en demeure pas moins humaine et surtout… crédible.

Sa deuxième enquête, « Les Lunettes de sommeil » commence de manière lâche mais banale : violemment shooté Place Benjamin-Constant à Lausanne par un chauffard qui prend la fuite, un cycliste meurt sur place devant deux témoins. Le gros 4/4 fautif, plaques diplomatiques, est retrouvé incendiés avec une victime à l’intérieur. L’inspectrice Alice Ginier est chargée de retrouver le suspect. Commencent alors les embrouilles, une jeune droguée qui en sait plus qu’elle ne veut bien le dire, la fuite du fils du diplomate qui avait prêté son véhicule, des mails trompeurs, un voyage à Sarajevo, un journaliste lucide qui la prévient : « Vous arrivez avec vos questions dans un pays sans réponses ». 

Elle va devoir s’accrocher, Alice Ginier, les faux-semblants révélés lors de son enquête déconcerteraient même tous les fins limiers de la littérature policière. Ajoutons à l’affaire une couche de dope et une arme terrifiante : le strontium 90. Et l’enlèvement de la mère d’Alice… De quoi perdre la tête. Mais nos héros relèveront tous les défis. Et le lecteur savoure cette nouvelle enquête qui une fois encore s’abstient de nous noyer dans l’hémoglobine.

Un auteur à suivre.

Raphaël Guillet, Favre Editeur, Lausanne, 2021, 2022.

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