René Gori et l’escargot qui éternuait

Depuis la nuit des temps, pour être honnête, depuis le jour de ma naissance, je sais entendre les plus petites musiques des plus petits êtres.

La fourmi mélancolique déambulant dans la colonne transportant les fournitures nécessaires à la colonie fredonne l’une des Gnossiennes d’Éric Satie, toujours la même, la numéro 3, celle qui donne l’impression que la vie demeure éternellement un rêve.

Les ouvrières les plus stakhanovistes dépassent les autres sur le rythme endiablé du Boléro de Ravel, claquent des mandibules et gonflent les muscles de l’abdomen, posture qui n’est pas sans rappeler les concours de culturisme masculin.

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René Gori et le Saguaro héliotropique

La Ville d’Utrecht (pas celle qu’on imagine, mais celle qui existe quelque part) se prépare pour la fête, alors mon cœur bondit de joie et je propose une figure agréable à mon miroir.

Depuis trop longtemps, je vivais avec une sœur nouvelle, la monotonie.

Je somnolais devant l’absence de désirs et d’aventures, ruminant les anecdotes passées et observant les castors disputer aux canards la portion du canal établie sous mes fenêtres.

Je demeurais dans le silence d’une ville oubliée, disparue et désertée de ses habitants, une ville dans la sidération d’une pandémie, mais cette fois-ci sans maladies autres que celles qui ternissent et rabougrissent les âmes humaines.

Puis après l’aube, le bruit du clapet de ma boîte aux lettres…

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René Gori et le damier hélicoïdal

La Ville d’Utrecht (pas celle qu’on imagine, mais celle qui existe quelque part) se prépare pour la fête, alors mon cœur bondit de joie et je propose une figure agréable à mon miroir.

Depuis trop longtemps, je vivais avec une sœur nouvelle, la monotonie.

Je somnolais devant l’absence de désirs et d’aventures, ruminant les anecdotes passées et observant les castors disputer aux canards la portion du canal établie sous mes fenêtres.

Je demeurais dans le silence d’une ville oubliée, disparue et désertée de ses habitants, une ville dans la sidération d’une pandémie, mais cette fois-ci sans maladies autres que celles qui ternissent et rabougrissent les âmes humaines.

Puis après l’aube, le bruit du clapet de ma boîte aux lettres…

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René Gori et la vie pas simple

Encore une fois, peut-être la dernière, me suis-je dit, j’ai observé la rive opposée du canal en espérant apercevoir la femme au sourire énigmatique.

Il y a longtemps déjà, elle s’était brièvement installée sur un banc de bois.

L’eau et les canards nous séparaient.

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René Gori et le scarabée extensible

J’ai délaissé la ville d’Utrecht pour un passage sur une île de la Frise, Texel. Un voyage dont j’ai oublié la raison, qu’importe, ce n’est pas toujours ce qu’on a prévu de faire qui est important.

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René Gori et la loutre qui se lissait les moustaches

J’avais la vanité de me croire indispensable comme peut l’être un homme prêt à la guerre et au contrôle de son territoire, puis mon ami van Moof a apporté sa roulade au massepain et au miel, alors j’ai découvert que la gourmandise surpasse toutes les passions.

Comme mon ventre s’est légèrement arrondi, j’ai décidé de faire de l’exercice en pratiquant régulièrement le canoë sur les canaux en direction du lac d’Yssel.

Lors d’une pause où je laissais filer l’étrave, Martha, une loutre, s’est accrochée à mon esquif, histoire de papoter et de lisser ses moustaches.

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René Gori et la vaisselle heureuse

L’autre jour, un voisin m’a apporté un Strudel aux pommes et au miel orné d’un papillon en massepain.Des ailes fines, d’une teinte jaune et orange, saupoudrées de sucre vanillé, le tout surmonté par deux antennes en chocolat.

Il s’est présenté sous le nom de monsieur van Moof, originaire de Leiden, travaillant jadis pour l’agence spatiale.

Désormais à la retraite, il s’occupe d’entretenir le graissage des rouages des derniers moulins publics de Hollande. Un patrimoine que la modernité a peu à peu effacé du paysage.

Ce doit être un original.

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René Gori et le retour tragique du lampadaire philosophe

Un voisin s’est présenté, tenant en main les avis que j’avais placardés sur les murs du quartier.

Avec un sourire large et indélicat, il menaça de prévenir les autorités.

Quand un homme d’action est réduit à l’impuissance, il se réfugie dans des réflexions empreintes de gravité et trouve l’apaisement par la méditation.

Une brume d’automne s’est levée, envahissant les rues.

Dépité, j’ai accroché ma casquette de contrôleur au clou servant de patère, démonté mes catapultes et décidé d’une longue promenade nu-tête, un peu de pluie rafraîchirait mes idées.

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René Gori et les trois belliqueuses à plumes

La semaine passée, j’ai perdu le contrôle de mon espace aérien en assistant à l’engloutissement de mon prototype de chasseur en papier.

Mon adversaire, mademoiselle Stuka, encouragée par ce succès, a renforcé ses effectifs.

À cette première et indélicate mouette se sont joints deux mercenaires à la mine patibulaire, mademoiselle Focke-Wulf et mademoiselle Messerschmitt. Ce triumvirat s’est installé sur l’arrête supérieure du toit de la maison d’en face, encore de ce côté-ci du canal, légèrement décalée par rapport à mon habitation – je reste donc à portée de leurs attaques.

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René Gori et la mouette anti-littéraire

Je me brossais les dents au-dessus du lavabo quand je me suis aperçu que la circulation de l’eau dans la plomberie de nos maisons demeurait un mystère.

En effet, comment imaginer les tourbillons et les turbulences qui déferlent dans nos canalisations modernes ?

Un immeuble de quinze étages est comme le bassin versant d’une région immense où circule ce qu’une multitude d’habitants relâche quotidiennement.

Muni d’un entonnoir, auquel j’ai adjoint un flexible de caoutchouc, j’ai sondé et écouté au-delà de mon siphon utilisant le pavillon comme amplificateur sonore.

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