Depuis la nuit des temps, pour être honnête, depuis le jour de ma naissance, je sais entendre les plus petites musiques des plus petits êtres.
La fourmi mélancolique déambulant dans la colonne transportant les fournitures nécessaires à la colonie fredonne l’une des Gnossiennes d’Éric Satie, toujours la même, la numéro 3, celle qui donne l’impression que la vie demeure éternellement un rêve.
Les ouvrières les plus stakhanovistes dépassent les autres sur le rythme endiablé du Boléro de Ravel, claquent des mandibules et gonflent les muscles de l’abdomen, posture qui n’est pas sans rappeler les concours de culturisme masculin.