Conrad est un hippopotame de petite taille, maigre et sympathique, malgré ces deux virgules cinq tonnes.
Christèle, sa compagne, est une fluette de mille huit cents kilos.
Serge, leur ami proche n’a jamais dévoilé son poids.
Il est, paraît-il, très timide, mais à l’évidence, prend plus de place que Conrad.
Ce soir, il a invité le couple de ses amis pour un bal à la viennoise dans un magasin de porcelaine.
Un commerce réputé pour le soin de son travail et la modestie de ses créateurs.
Le lieu brille de la lumière d’un lustre, la musique se déroule, agréable.
Tous les trois affectionnent les valses et se laissent emporter par leurs élans.
Girouettes, entrechats, portées, pirouette et triple « lutz».
Fracas, étagères qui tombent, panique et fuite des employés, étayage du plancher depuis l’étage inférieur, intervention d’un ingénieur pour assurer la stabilité du bâtiment et l’exécution d’un plan de crise au cas où.
Le bal des hippopotames dans le magasin de porcelaine bat son plein.
À une heure du matin, fatigués et couverts de sueur, C, C et S, traversent les débris, se félicitent d’une soirée si réussie et rentrent chez eux.
Devant le commerce et le désastre, sur un panneau rédigé d’une main tremblante est écrit :
Fermeture pour cause de faillite.
Depuis cette nuit tragique, on ne trouve plus du tout de porcelaine dans cette ville.
La citation du jour
Les aveugles s’entendent bien pour ne rien voir, les sourds n’entendent rien et c’est tout.
Montesquieu – in L’esprit des apocryphes

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