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carnet de bord

la distinction entre la culture et l’art

la distinction entre la culture et l’art

Il est nécessaire d’établir une distinction de sens entre les mots « culture » et « art ».

Ce ne sont plus les parents utopiques et espérés lors de l’apparition des centres ou autres maisons de la culture. Le mot culture est devenu une expression marchande minimisant le travail de l’art en pervertissant l’acte avec des critères soumis à des notoriétés définies par le marché. Comme partout ailleurs, les forces régissant la société ont supplanté le temps perdu ou le temps rêveur par la nécessité de rendement, ont dévalorisés le « travail réel » en le remplaçant par la signature ou le concept - parfois jusqu’à l’anéantissent de l’objet derrière le discours, ainsi l’explication ou l’exposition de l’intelligence supplante l’émotion ou la simple beauté.

L’art, au demeurant accessible à tous au départ, devient un savoir destiné à une élite d’initiés et détentrice du bon goût.

L’art est devenu culture, et la culture se métamorphose en espace réservé - une propriété ou une chapelle. 

La tendance générale des budgets respecte la logique d’appropriation bourgeoise. Il faut entendre ici la notion de ceux qui ont bon goût - les bourgeois - dénomination qui n’est pas forcément une distinction partisane, sociale ou économique. Ce qu’il est important de constater, c’est que ce cercle d’influence énonce la décision qualitative de ce qui est culturellement acceptable - comme dit précédemment, la lecture des budgets étatiques ou privés le démontre aisément.

La culture et l’usage de la culture sont devenus des domaines privatisés par une minorité de la population qui a préféré sa propre expertise à la légitimité citoyenne. 

Un autre problème est que la catégorie bourgeoise n’est pas une productrice d’art, mais une consommatrice.

En conséquence les structures sont fondamentalement tournées vers la satisfaction des consommations. Cela contraint le travail de création à un formatage obligé (ou bien le créateur doit accepter son « effacement »), formatage devenant le seul moyen de se rendre « admissible » par les structures de financements, les espaces de diffusion et le public bourgeois existant. La seule manière viable d’accéder aux lignes de crédits est d'accepter de souffrir un lien de subordination délétère.

Une autre manière de différencier l'art de la culture passe la chronologie des actes.

L'art est le geste et la culture sa transmission.

Peut-être serait-il temps d'inverser les hiérarchies et de considérer le geste comme primordial ?

Dans l'endroit où je vis, la part de l'État destiné à la littérature représente près de 50% du budget culturel, un investissement considérable dont nous pourrions être satisfaits. Toutefois le tableau n'est pas idyllique, car la perversion se cache dans la structure de répartition de ces moyens.

99,99% sont destinés aux murs et aux bibliothèques, ainsi le ou la bibliothécaire, concierges, chauffagistes ou tous autres métiers gravitant autour du livre sont rémunérés de façon décente, les auteurs, quant à eux, se partagent la possibilité d'accéder à une subvention  de 0.01% du budget annuel et selon la conviction d'un jury.

Ce seul fait dévoile à quel point le geste, en l'occurrence celui d'écrire, n'a pas de valeur reconnue face à celui de la transmission.

À suivre… peut-être à propos de la soumission de l’artiste.